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Leo. Mais ce ciel, comment l'avez-vous fait !

Pouf. Il eft d'un bel azur, mêlé de nuages clairs, qui femblent être d'or et d'argent.

Leo. Vous l'avez fait ainfi, fans doute, pour avoir la liberté de difpofer à votre gré de la lumiere; et pour la répandre fur chaque objet felon vos deffeins.

Pouf. Je l'avoue. Mais vous devez avouer auffi qu'il paroît par-là que je n'ignore point vos regles que vous vantez tant.

Leo. Qu' y a-t-il dans le milieu de ce tableau au de-là de cette riviere?

Pouf. Une ville dont j'ai déja parlé. Elle eft dans un enfoncement où elle fe perd; un côteau plein de verdure en dérobe une partie. On voit des vieilles tours, des creneaux, de grands édifices, et une confufion de maifons dans une ombre très forte; ce qui releve certains endroits éclairés par une certaine lumiere douce et vive qui vient d'enhaut. Au-deffus de cette ville paroît ce que l'on voit presque toujours au - deflus des villes dans un beau tems. C'eft une fumée qui s'éleve, et qui fait fuir les montagnes qui font le lointain. Ces montagnes de figure bizarre, varient l'horifon, en forte que les yeux font

contens.

Leo. Ce tableau, fur ce que vous m'en dites, me paroît moins favant que celui de Phocion.

Pouf. Il y a moins de fcience de l'Architecture, il eft vrai. D'ailleurs on n'y voit aucune connoiffance de l'Antiquité. Mais en revanche la feience d'exprimer les paffions y eft affez grande. De plus tout ce payfage a des graces et une tendreffe que l'autre n'égale point.

Fenelon.

Leo

Fenelon.

Leo. Vous feriez donc, à tout prendre, pour ce dernier tableau?

Pouf Sans héfiter je le préfere. Mais vous, qu'en pensez-vous fur ma relation?

Leo. Je ne connois pas affés le tableau de Phocion pour le comparer. Je vois que vous avez affés étudié les bons modeles du fiecle paffé et mes Livres. Mais vous louez trop vos ouvrages.

Pouf. C'est vous qui m'avez contraint d'en parler. Mais fachez que ce n'eft ni vos Livres ni dans les tableaux du fiecle paffé que je me fuis inftruit, c'eft dans les bas-reliefs antiques où vous avez étüdié auffi bien que moi. Si je pouvois un jour retourner parmi les vivants, je peindrois bien la jaloufie, car vous m'en donnez ici d'excellens modeles. Pour moi je ne prétends vous rien ôter de votre fcience ni de votre gloire; mais je vous cederois avec plus de plaifir, fi vous étiez moins entêté de votre rang, Allons trouver Parrhafius. Vous lui ferez votre critique, il décidera, s'il vous plaît; car je ne vous cede à vous autres Meffieurs les Modernes, qu'à condition que vous cederez aux Anciens. Après que Parrhafius aura prononcé, je ferai prêt à retourner fur la terre, pour corriger mon tableau.

Fonte

Fontenelle.

S. B. I. S. 389. - Er ist der berühmteste Nachahmer Lucian's in dieser Gattung, und er hat seinen Todtenges sprächen einen an jenen Schriftsteller in den elysäischen Feldern gerichteten Brief vorangesezt, worin er viel Treffendes åber die vortheilhaftefte Art sagt, diese Idee zu benußen, und über die dabei zu wählenden Zwecke, unter welchen der moralische der vornehmste ist. Uebrigens macht er nicht auf den Ruhm Anspruch, ihn glücklich nachgeahmt, sondern nur auf die Ehre, eingesehen zu haben, daß es kein besseres Mus fter der Nachahmung gebe. Und freilich ist der Abstand zwis schen den Arbeiten des Griechen und des Franzosen so ganz unbeträchtlich nicht, obgleich dieser lettere zu den wißigsten Schriftstellern seiner Nation gehört. Mau bemerkt aber an ihm das Bestreben, wikig, und bloß wißig zu seyn, nur allzu oft, und nicht selten bis zum Uebertriebenen. Lebhaft genug ist der Wechsel der Neden, und die Antworten find zuweilen überaus treffend und glücklich; aber sie verlieren oft darüber das Natürliche, und den Anschein, auf der Stelle gegeben zu seyn. `Kurz, man`hört öfter den Schrifts fteller, als die eingeführte Person, und vermisst Lucian's männliche Stärke und Simplicitåt. Die Absicht des fol. genden Gesprächs geht übrigens dahin, den Unterschied roz her und aufgeklärter Völker von der güten und schlimmen Seite darzustellen.

FERNAND CORTEZ. MONTEZUME.

Fontenelle.

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Avouez la verité vous étiez bien groffiers, vous autres Américains, quand vous preniez les Efpagnols pour des Hommes defcendus de la fphére du feu, parce qu'ils avoient des Canons, et quand leurs Navires vous paroiffoient, de grands Oifeaux qui voloient fur la Mer. Beisp. Samml. 6. B.

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Mon

Fontenelle..

Montezume.

J'en tombe d'accord. Mais je veux vous demander, fi c'étoit un Peuple poli que les Athéniens.

F. Cortez.

Comment? Ce font eux qui ont enfeigné la politeffe au refte des Hommes.

Montezume.

Et que dites-vous de la maniere dont fe fervit le tyran Pififtrate, pour rentrer dans la Citadelle d'Athénes, d'où il avoit été chaffé? N'habilla-t-il pas une Femme en Minerve? (car on dit que Minerve étoit la Déeffe qui protégeoit Athénes). Ne monta-t-il pas fur un Chariot avec cette Déeffe de fa façon, qui traverfa toute la Ville avec lui, en le tenant par la main, et en criant aux Athéniens: Voici Pififtrate que je vous amene, et que je vous ordonne de recevoir; et ce Peuple fi habile et fi fpirituel, ne fe foumit-il pas à ce Tyran, pour plaire à Minerve, qui s'en étoit expliquée de fa che.

propre bou

F. Cortez,

Qui vous en a tant appris fur le chapitre des Athéniens?

Montezume.

Depuis que je fuis ici, je me fuis mis à étudier l'Hiftoire, par les converfations que j'ai euës avec diferens Morts. Mais enfin, vous conviendrez que les Athéniens étoient un peu plus dupes que nous. Nous n'avions jamais vû de Navires, ni de Canons; et quand Pififtrate entreprit de les réduire fous fon obéiffance, par le moyen de la Déeffe, il leur marqua affurement moins d'eftime que vous ne nous en

mar.

marquates en nous fubjuguant avec votre Artille-Fontenelle.

rie.

F. Cortez.

Il n'y a point de Peuple qui ne puiffe donner une fois dans un panneau groffier. On eft furpris; la multitude entraine les Gens de bon-fens. Que vous dirai-je ? Il fe joint encore à cela des circonftances qu'on ne peut pas deviner, et qu'on ne remarqueroit peut-être pas, quand on les verroit,

Montezume.

Mais a-ce été par furprise que les Grecs ont crû dans tous les tems, que la science de l'avenir étoit contenue dans un trou foûterrain, d'où elle fortoit en exhalaifons. Et par quel artifice leur avoit on perfuadé, que, quand la Lune étoit éclipfée, ils pouvoient la faire revenir de fon évanouiffement, par un bruit effroyable? Et pourquoi n'y avoit-il qu'un petit nombre de Gens qui ofaffent fe dire à l'oreille, qu'elle étoit obfcurcie par l'ombre de la terre? Je ne dis rien des Romains, et de ces Dieux qu'ils prioient à manger dans leurs jours de réjouiffances, et de ces Poulets facrez, dont l'apétit décidoit de tout dans la Capitale du Monde. Enfin vous ne fauriez me reprocher une fottife de nos Peuples d'Amérique, que je ne vous en fourniffe une plus grande de vos Contrées, et même je m'engage à ne vous mettre en ligne de compte que des fottifes Gréques, ou Romaines.

F. Cortez.

Avec ces fottifes-là cependant, les Grecs et les Romains ont inventé tous les Arts et toutes les Sciences, dont vous n'aviez pas la moindre idée.

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